Tribune libre à Nath : les Champs-Elysées se mettent au vert
De nouveau recluse pour quelques jours encore afin de préparer une intervention pour un colloque (masochisme quand tu nous tiens), je n'ai pu profiter de l'attraction parisienne principale de ce week-end de la Pentecôte. Je laisse donc la parole à mon amie Nath qui a fait une descente des Champs en ce dimanche particulièrement ensoleillé et me permet de partager ses explications éclairées et ses belles photos avec vous.
La campagne à Paris : « Nature Capitale »
Les Champs-Élysées ont été métamorphosés dans la nuit de samedi à dimanche derniers en un immense jardin éphémère pour deux jours (23-24 mai). Cette œuvre a été réalisée par le créateur de rue Gad Weil (auteur de la Grande moisson en 1990) et mise en scène par la paysagiste Laurence Médioni.
Isa et moi étions donc très motivées pour nous y rendre dimanche après-midi, noyées parmi un flot de 800 000 promeneurs. Dans une ambiance festive et conviviale (musiques et danses antillaises, chants gitans), nous avons pu découvrir la diversité de l’agriculture française : arbres, vignes, fleurs, céréales, fruits et légumes, et animaux de la ferme.
Avec cette manifestation, il s’agissait de poser les questions de l’écologie en général, de la biodiversité et de l’agriculture de proximité en particulier : pins, platanes, haricots, salades, tomates, betteraves, choux, bananes, café, cannes à sucre, houblon, tabac, colza, vignes, blé, moutarde, lin, lavandes, tournesols, etc., en tout 8 000 parcelles d’espèces végétales, 150 essences. Peu d’animaux étaient présents, le but étant de présenter quelques espèces moins connues, comme cette race ancienne de porc, le cul noir de Saint-Yrieix dans le Limousin (hommage à mon hôte !), qui a manqué de disparaître dans les années 70.
C’était ainsi l’occasion de rencontrer les agriculteurs (éleveurs, pêcheurs, apiculteurs, horticulteurs, paludiers, forestiers, pépiniéristes,…) et de discuter de leur métier, des différentes cultures proposées, des techniques employées, comme par exemple l’utilisation de tuiles chaulées pour le captage des naissins (larves d’huîtres), technique notamment pratiquée dans le Bassin d’Arcachon.
Au rond-point des Champs-Élysées, les régions proposaient leurs produits locaux que l’on pouvait aussi déguster sur place (terrines, saucissons, jus de fruits frais, aligot, etc.). La parcours se terminait – ou s’ouvrait selon d’où l’on venait – par une pyramide de cagettes de fruits et légumes de 7 mètres de hauteur, offertes ensuite aux Restos du Cœur.
Ces journées ont enfin permis de profiter des Champs sans voiture et sans klaxon : peut-être pourrions-nous alors y voir un message en faveur du réaménagement de l’avenue pour les piétons exclusivement ?
Nath
[Toutes les photos qui suivent ont été prises par Nath ; je me suis permis d'ajouter quelques commentaires]
Ci-dessous, les tuiles à naissins et les vignes visibles dans le vue générale ci-dessus.
L'exotisme des campagnes françaises ultramarines était bien représenté.
La nature reprend ses droits et semble avoir dévoré le pavé.
Qui est le plus grégaire, du parisien ou du mouton ?
[ceci dit avec amusement et sans méchanceté, si j'avais été libre je serais allée me joindre à la troupe]
Merci, Nath, pour le clin d'oeil à ces bestiaux venus de mes terres ancestrales. J'avoue honteusement que je les ai déjà consommés sous forme de pâté, délicieux d'ailleurs :-(
Y avait-il des représentants de ton Nivernais natal ?
Voici quelques exemples des festivités animant ce monde rural déployé au coeur de Paris.
Enfin, l'être humain prouve une nouvelle fois sa fascination pour la forme pyramidale qui trouve ici une expression arcimboldesque :
Merci, Nath, pour cette intéressante contribution soutenue par une couverture photographique de qualité.