Somewhere : du vide sur du creux .... ça reste désespérément plat
Le film "Somewhere" de Sofia Coppola m'offre l'occasion de me poser une question insoluble : pourquoi les plans séquences fixes d'Hitchcock, de Woody Allen, ou, plus près de nous de "In the mood for love", "A single man" ou "Amore" me ravissent, et pourquoi ceux de "Somewhere" m'ont profondément ennuyée ??? C'est inexplicable. Ce petit film d'un peu plus d'une heure trente m'a barbé, voilà le mot. Même si je n'avais pas aimé "Marie-Antoinette", la bande-annonce avait réussi à me donner envie de voir "Somewhere". Et bien je suis tombée de haut, pour la première fois depuis longtemps, j'ai eu envie de regarder ma montre pendant une projection. J'ai même trouvé franchement horripilants certains passages : trop de pole dance, trop de moteur de Ferrari et d'hélicoptère, trop de vision de la vie d'un type qui, même s'il est une star de cinéma, reste avant tout un américain de base : bière au goulot, poker, jeux vidéo débiles, bouffe à n'importe quelle heure, débraillé permanent, virée à Las Vegas... bref, tout ce que je n'aime pas dans l'Amérique, moi qui l'aime tant par ailleurs. Une chose est vraiment réussie, et c'est bien évidemment le but poursuivi par l'auteur : on perçoit parfaitement la vacuité de l'existence d'une vedette de cinéma, et à vrai dire, je dirais que l'intérêt du film est avant tout documentaire. On imagine bien que si Sofia Coppola a une qualité, c'est l'observation de ce milieu qu'elle fréquente depuis son enfance. C'est là que le film est intéressant, là que se nichent les rares instants d'humour (et la seule métaphore judicieuse avec le coup du masque, je n'en dis pas plus). Mais doit-on ennuyer le spectateur pour lui faire comprendre, ressentir, l'ennui habitant les protagonistes ? Je n'ai trouvé ici aucune esthétique, des dialogues et un scénario plats et sans esprit. En fait, ce père s'occupe périodiquement de sa fille, même s'il est souvent absent, elle ne débarque pas comme ça dans sa vie comme le laissent supposer les résumés du film. Et pour tout dire on a l'impression que c'est lui qui l'embarque dans son néant plutôt qu'elle qui le sauve. Evidemment, la fin prouve le contraire mais tout ça s'est fait sans qu'on soit touché (une seule scène émouvante quand la fillette pleure), sans qu'il se passe quoi que ce soit. Ajoutons à cela le cliché de la fille qui prépare des petits plats à son père incapable de s'occuper d'elle... déjà vu je ne sais combien de fois dans le moindre téléfilm... Et puis tous ces symboles lourdingues, à commencer par l'ouverture et la fin du film : la voiture qui tourne en rond sans fin, l'homme libre qui part à pied, reprenant le contrôle de sa vie... mais où S. Coppola va-t-elle chercher tout ça ?
Ce n'est pas un navet et je n'ai pas détesté, mais c'est très surfait, cela ne mérite certainement pas un Lion d'Or ou autre prix, et je me demande pourquoi Sofia Coppola a si bonne presse. C'est surtout ça qui m'énerve, pas tant le film lui-même : pourquoi est-il est de bon ton d'encenser certains, de démolir d'autres ? Je n'ai pas encore lu les critiques pour vous livrer mon avis tout brut, mais j'ai vu le nombre d'articles et d'interviews qui lui étaient consacrés.... faut pas chercher à comprendre, tout le monde ne peut pas atteindre ces sphères intellectuelles...
Edit après quelques lectures :
la critique de Télérama est – comme de bien entendu – dithyrambique :
http://www.telerama.fr/cinema/films/somewhere,424307.php
celle de l'Express est très drôle :
http://www.lexpress.fr/culture/cinema/vo-vaches-cochons-navet_949822.html