Début juin, j'ai eu la chance de passer 4 jours à
Début juin, j'ai eu la chance de passer 4 jours à Berlin grâce à ma participation à un colloque. J'avais découvert la ville il y a 4 ans, début juillet 2008 car j'étais allée y étudier un manuscrit faisant partie du corpus de ma thèse, conservé au Kupferstichkabinett. Au cours de seulement 2 jours (dont la plus grande partie consacrée au travail), j'étais à l'époque tombée sous le charme de la capitale allemande. Mon interprète personnel et moi n'avions qu'une envie, y retourner, ce qui fut chose faite en ce début de juin.
La première impression était la bonne, et je peux dire que j'aime vraiment Berlin et les berlinois. Tout d'abord, ces derniers sont gentils, pas stressés, souriants, attentifs et toujours prêts à aider les touristes que nous étions. En plus, j'avais avec moi un germanophone et cela fait toujours plaisir quand un touriste fait l'effort de parler dans la langue du pays. Mes propres efforts étaient réels mais un peu vains, sortie de "danke" et "bitte" (j'ai tout de même bien enrichi mon vocabulaire et ma compréhension de la langue, partie de 0, a progressé)... La ville ne grouille pas comme Paris, il n'y a pas d'embouteillages, les gens sont sereins, les transports en commun ne sont pas stressants et oppressants (en revanche, la signalétique est bien moins claire qu'à Paris). Les rues et le métro sont parfaitement propres, jamais de mauvaises odeurs dans les coins, pas de mégots de cigarette partout, pas de détritus, pas de crachats, pas de crottes de chien... Pas de tourniquets et de lourdes portes de sorties dans le métro, les composteurs sont sur le quai. Toujours dans le métro, pas de couloirs immenses et de correspondances à rallonge, on est toujours tout de suite sur le quai (ça s'explique par le fait que le réseau, au demeurant très pratique, est moins dense qu'à Paris). Les gardiens des monuments qu'on a visités (châteaux et dôme du Bundestag) sont souriants, polis, serviables et attentifs aux salles, ça change des gardiens agressifs, endormis sur leur chaise ou l'air absent des musées et monuments de Paris. Il y a plein de terrasses de cafés avec d'immenses parasols. Plus écolos que les Français, les Allemands ne chauffent pas leurs terrasses extérieures mais distribuent des couvertures en polaire quand la soirée se fait plus fraîche. Il y a beaucoup de rues plantées de grands arbres, souvent des tilleuls... les fameux "linden". En revanche, il y a un laisser-aller certain quant aux espaces verts : de l'herbe qui pousse partout, des fouillis de plantes indisciplinées, des pelouses non délimitées, des pousses au bas du tronc des arbres (ça c'est pas bien car ça favorise les maladies et autres bestioles maléfiques). Parmi les points plus surprenants ou négatifs à mes yeux : on n'a pas vu beaucoup de commerces de bouche à part des supérettes (souvent bios) et discount, on n'a vu qu'un cinéma de quartier et 2 multiplexes pas très bien achalandés (grosses productions américaines et des comédies françaises). Bon, pour le cinéma, de toutes façons, Paris est ce qu'il y a de mieux au monde.
Au-delà de tout ça, Berlin est une ville aux multiples visages grâce ou à cause de son histoire tragique au XXe siècle. Cette ville est touchante justement parce qu'on y ressent cette Histoire du XXe siècle, on ne peut s'empêcher de penser à toute la souffrance engendrée par deux régimes déshumanisés et une guerre destructrice. On reçoit en même temps une belle leçon de courage et d'espoir en voyant ce que Berlin est devenue après avoir subi les destructions des bombardements et la division en 2 durant une quarantaine d'année. Adolescente en 1989, j'ai été bien sûr marquée par la chute du Mur et on a plein d'images en tête quand on visite cette ville. Surtout, on est frappé par la soif de vie, de reconstruction, d'embellissement, de création qui a soufflé là à partir des années 1990. On traverse donc des quartiers ultra contemporains, des quartiers aux beaux immeubles XIXe préservés et joliment repeints et restaurés, des quartiers "communistes" avec barres d'immeubles immondes (on a les mêmes dans Paris, mais sans l'excuse du régime communiste), des rues ombragées par de grands arbres, de larges avenues rectilignes, des édifices du XVIIIe siècle, des quartiers résidentiels aux grandes maisons dans des rues calmes et verdoyantes, avec leurs "guinguettes" aux allures de châlets (du côté de Dahlem par exemple)... c'est là que vous trouverez les bâtiments de la Freie Universität, dispersés dans la verdure.
Pour l'instant, en 2 séjours, je n'ai pas visité un seul musée. Nous avons parcouru la ville, visité le dôme du Bundestag et la nouvelle aile du château de Charlottenburg. Et nous avons fait une expédition à Potsdam pour aller voir le parc de Sans Souci et quelques-uns de ses châteaux... ceci fera l'objet d'un prochain billet. En effet, le XVIIe siècle, le XVIIIe siècle, marqué par la personnalité incontournable de Frédéric II, dit le roi philosophe ou le Vieux Fritz, et le XIXe siècle sont également bien représentés à Berlin et Potsdam, vous le verrez. Berlin et le Brandebourg (sa région) fêtent d'ailleurs cette année en grande pompe le 300e anniversaire du souverain prussien le plus connu : de nombreuses manifestations sont organisées tout au long de 2012 et nous avons pu profiter d'une exposition exceptionnelle au Neues Palais de Potsdam. Mais en attendant la visite à Potsdam, voici enfin quelques souvenirs de Berlin en images qui, je l'espère, vous donneront l'envie et l'idée d'y aller faire un tour... car même si j'ai été longue, il y aurait encore beaucoup à dire !
Premier réflexe en débarquant de l'avion le matin : aller prendre un petit déjeuner copieux au Café im Litteraturhaus situé face à notre pension dans la pittoresque Fasanenstrasse :
Puis nous sommes partis voir la résidence du président de la République fédérale en longeant les rives de la Spree (rivière qui irrigue Berlin, prononcez "spré") :
Le palais de Bellevue (en français dans le texte), demeure du président allemand (actuellement Joachim Gauck) :
Ensuite nous avons repris le métro jusqu'à Alexander Platz pour aller explorer Karl-Marx Allee, coeur et vitrine de l'ancien Berlin Est. Le monument emblématique de Berlin Est est la Fernsehturm, "tour de la télévision", dans laquelle nous ne sommes toujours pas montés.
Dans Karl-Marx Allee se succèdent le pire (immeubles affreux appelés à être démolis fort heureusement)
Et le meilleur : ensembles monumentaux et de belle qualité (souvent recouverts de plaques de céramique) édifiés pour servir de vitrine au régime et pour recevoir les "ouvriers méritants" ou autres apparatchiks du parti. Tout ça date des années 50-60.
Là aussi, on peut déambuler "sous les tilleuls", comme sur la plus célèbre avenue de Berlin, "Unter den linden".
On finit par arriver à une autre place monumentale, "Frankfurter Tor"
Ensuite, nous avions rendez-vous dans le centre pour la visite du dôme du Bundestag. Nous sommes arrivés par la grande garde centrale de Berlin "Hauptbanhof", impressionnante structure de verre et de métal.
Après être passés devant la Chancellerie (demeure officielle actuelle d'une certaine Angela M.),
nous sommes arrivés sur l'esplanade Ouest du Bundestag (édifié à l'origine de 1884 à 1894). Nous avons pu accéder à sa terrasse supérieure avant de visiter son dôme conçu par l'architecte Sir Norman Foster (autour de 2000).
De là on a une vue sur les bâtiments de Potsdammer Platz (avec le "velum" du Sony Center), au-delà de Tiergarten,
sur la Porte de Brandebourg,
sur la Spree, sur l'incontournable Fernsehturm, la coupole de la cathédrale et le "beffroi" de l'hôtel de ville,
Le dôme vu depuis la terrasse :
Tout autour du dôme, s'enroulent deux "passerelles", qui permettent aux visiteurs de monter ou de descendre sans se croiser, selon le principe de l'escalier de Chambord !
Pour prouver que je ne suis pas une anti art contemporain, je peux vous dire que j'ai particulièrement apprécié cet édifice, beau, léger, offrant de multiples jeux de miroirs, perspectives, effets visuels surprenants, bref, très photogénique... autant dire que je ne me suis pas privée ! En plus, nous étions dotés d'audioguides nous expliquant tout sur l'histoire de l'édifice, le fonctionnement de l'assemblée allemande, et tous les monuments berlinois aperçus lors de cette ascension... et, petit détail intéressant : la visite est gratuite.
En contrebas, sous cette verrière, la grande salle de l'assemblée :
Arrivés au sommet : on tombe sur des gens vautrés...
Tout près du Reichstag, voici "Pariser Platz" (Place de Paris) qui s'étend devant la Porte de Brandebourg. Après avoir été un no man's land pendant des décennies, elle a retrouvé un aspect plus proche du visage qu'elle avait avant-guerre : elle est cernée sur 3 côtés par des ambassades, notamment celles des États-Unis (inaugurée en 2008 le soir où nous étions passés par là) et de France, par le célèbre palace berlinois, l'hôtel Adlon, et elle s'ouvre à l'Est sur Unter den Liden.
Un dîner plus tard...
De là on gagne les rues chics de la ville, avec Französischestrasse et Friedrichstrasse. C'est là qu'on a vu la boutique des porcelaines KPM (Königlische -Porzellan Manufaktur), manufacture fondée en Prusse par Frédéric II au XVIIIe siècle pour concurrencer les célèbres porcelaines de Saxe (Meissen). C'est là que nous croisons pour la première fois l'oeil goguenard du grand roi (je pense que vous n'aurez pas besoin de traduction).
Tout près se tient une très belle place, Gendarmenmarkt : au centre s'élève la "Konzerthaus" (opéra) édifié en 1818 par l'architecte Schinkel, artiste clef du néoclassicisme prussien dans la première moitié du XIXe siècle.
Et de chaque côté, les églises jumelles : Französischer dom (bâtie par et pour les Huguenots installés à Berlin après la Révocation de l'Édit de Nantes) et Deutscher dom, datant des années 1700 et 1780.
Voici une vue de jour de Gendarmenmarkt, avec l'opéra à gauche et l'église française au fond, vue depuis les marches de l'église allemande qui lui fait face :
Un autre aspect de Berlin : le quartier de Prenzlauer Berg, anciennement dans Berlin Est, qui a conservé ses immeubles du XIXe siècle, repeints et rénovés depuis la réunification. C'est un quartier "bobo", tranquille, avec de belles rues bordées de grands arbres, plein de terrasses de restaurants spécialisés dans les brunchs.
C'est aussi là qu'on peut visiter un des deux cimetières juifs de la ville, utilisé de 1827 aux années 1930 : y reposent essentiellement des berlinois israélites qui n'ont pas connu les exactions nazies, d'où une certaine sérénité quand on visite ces lieux, même si on ne peut s'empêcher de penser à ce qui est arrivé à leurs descendants (exil ou mort).
Autre ambiance, le quartier de Dahlem où l'on trouve un campus universitaire semé au milieu d'un quartier de vastes villas, de petits restos en bois et de parcs... un rêve d'étudiant rapidement relié au centre ville par le métro.
L'institut d'histoire de l'art où j'ai fait ma communication :
Voici pour la première visite... la prochaine fois, quelques clichés "vie quotidienne", avant de faire un tour dans la Nouvelle Aile du château de Charlottenburg, au coeur de Berlin, et de partir pour Potsdam, le "Versailles berlinois".