Agrigente sur les pas de Maupassant...
Outre la découverte de la navigation en mer, cette croisière a été pour moi l'occasion de découvrir (malheureusement en ne faisant que les effleurer) des sites que je ne connaissais pas encore.
J'aurais aimé découvrir l'Europe avant les guerres, avant le béton, avant le tourisme de masse, découvrir l'Europe telle que l'ont découverte les jeunes anglais des XVIIIe et XIXe siècles, les écrivains français du XIXe. C'est pourquoi j'aime tant les récits de voyage, et les documents iconographiques de cette époque, comme par exemple les très célèbres vues de l'Egypte, de ses villes, de la vallée du Nil, des temples, par David Roberts.
"Tant de poètes ont chanté la Grèce que chacun de nous en porte l'image en soi ; chacun croit la connaître un peu, chacun la voit en songe telle qu'il la désire. Pour moi, la Sicile a réalisé ce rêve ; elle m'a montré la Grèce et quand je pense à cette terre si artiste, il me semble que j'aperçois de grandes montagnes aux lignes douces, aux lignes classiques, et sur les sommets des temples, ces temples sévères, un peu lourds peut-être, mais admirablement majestueux, qu'on rencontre partout dans cette île.
"Mais Girgenti, l'ancienne Agrigente, placée comme Sélinonte sur la côte sud de la Sicile, offre le plus étonnant ensemble de temples qu'il soit donné de contempler."
Par rapport au récit de Maupassant, quelques différences majeures existent aujourd'hui : l'une, négative, est la ville moderne d'Agrigente, hérissée d'immeubles inesthétiques au possible qui gâche vraiment la vue sur l'éperon rocheux des temples.
L'autre, positive, est le paysage de la campagne entourant le site : elle n'est plus aride, elle est au contraire étonnament verte et se couvre d'arbres méditerranéens : champs d'amandiers, d'oliviers.
Guy de Maupassant, extraits de la chronique "Temples grecs" parue dans Gil Blas le 8 septembre 1885.